Un monde sans enfant, c’était absolument irréel. Et d’une tristesse absolue ! Pendant 2 ans, plus du tiers de la population n’a pas eu le droit de sortir de la maison !
Oui, absolument impossible à croire dans des pays où on ne peut imaginer être privé de libertés les plus simples plus de deux mois. Pourtant, ici, ce fut la réalité des moins de 18 ans, et aussi pour les plus de 65 ans. Ces 2 années-ci ont été sans sport, sans accès à la culture, sans vie associative, sans balade avec d’autres enfants dans les parcs, et bien sûr sans accès aux établissements scolaires. Plus d’horaires, plus d’agenda. Deux années sans grande sollicitation intellectuelle, sans émulation ni défi. Plus de moments créatifs et éducatifs… Bref une totale absence de projection ! Déjà cette génération des 0 à 18 ans est appelée « la génération sacrifiée »… Cela en dit long sur leur état ! Un taux de dépression et de suicide qui a doublé, voire triplé dans certaines villes !
Pensons aussi aux bébés nés juste avant et pendant le Covid. Ils n’ont connu que leur espace familial, sans aucune interaction avec d’autres enfants de leur âge. Deux ans sans sortir… Les quelques petits vus dans la foule ces dernières semaines semblent souvent apeurés. Il y a des enfants de 4 ans qui ne connaissent pas l’école maternelle. Les conséquences psychologiques et sociales sont difficiles à mesurer maintenant mais il apparait évident que des apprentissages manquent…
Et attention, les écoles dans leur grande majorité sont toujours fermées malgré les annonces médiatiques. Seulement deux pays ont fermé leurs établissements scolaires pendant 2 années complètes (Venezuela et Philippines)… Ici, certains parlent d’une reprise totale à la rentrée scolaire 2022/2023, suivant le résultat des élections présidentielles. Alors les quelques écoles rouvertes le sont pour la plupart à temps partiel seulement. Et ce ne sont que les grandes écoles internationales privées de la capitale et quelques-unes en province qui ont pu ouvrir leurs portes… Bref, avec près de 110 millions d’habitants dont plus de 35% de moins de 15 ans, cela ne pèse pas bien lourd sur la reprise d’une vie scolaire “normale”. Les enfants, petits, moyens et grands sont heureux de retrouver enfin le contact avec le monde extérieur, en dehors de leur famille. Évidemment, les très riches philippins ont été relativement épargnés dès la fin 2021, avec la possibilité de partir en voyage hors du pays ou accéder aux résidences secondaires de plage. Mais pour ceux qui peuvent prendre la mesure de ce que représente une vie d’enfant, vous pourrez alors envisager les carences que tous ces enfants riches et pauvres ont enduré : aucune possibilité d’exposition ni d’exploration !
Après deux ans, tous les enfants qui ont connu “la vie d’avant” réclament un retour à l’école ! Ce n’est évidemment pas pour le plaisir de reprendre les examens ou pour rester des heures assis à une table de classe. Ils sont en demande, en manque de ce que l’école est censée leur apporter aussi : les espaces récréatifs, les sorties scolaires, les rencontres sportives, la vie socio-éducative, les activités artistiques (pourtant extrêmement limitées dans les écoles publiques !). Voilà ce qu’ils réclament ! Bien sûr, pour une jolie minorité, le besoin de challenge des apprentissages en groupe revient aussi, l’émulation intellectuelle en d’autres termes. Toutes ces choses pourraient être comblées si les jeunes avaient la possibilité de participer à des clubs de sport ou de loisirs ou des sorties culturelles tels musée, concert, festival. Mais comme tout cela a aussi été interdit, alors oui, même pour les plus cancres, les bancs d’écoles manquent.
Dans un tel contexte, la fermeture de nos ludothèques a créé un vide pour nos bénéficiaires, ces ludothèques connues pour être des lieux de rencontre et d’échanges en plus d’être des espaces éducatifs, récréatifs et artistiques.
Quel bonheur de voir enfin des jeunes têtes et des petites têtes déambuler dans la foule !!!
