Des transformations profondes faites d’inactivité et de grande pauvreté

Durant mes quelques déplacements autorisés au fil des mois, je prends la mesure du bilan Covid en voyant ces centaines de personnes en inactivité qui attendent, ou semblent plutôt ne plus rien attendre ou ne plus rien espérer. En 25 ans, je n’ai jamais vu une telle résignation.

25 ans… Car oui, ce sont les 25 ans de la fondation !
J’avais 25 ans quand j’acceptais ma première mission aux Philippines avec les Amis de Sœur Emmanuelle, une mission qui allait changer le cours de ma vie. Le pays était alors en effervescence par ses sourires, sa joie de vivre, son envie de s’ouvrir avec son accueil incroyable.
Ce pays que l’on appelle à travers le monde « l’archipel du Sourire », ce sourire semble bien épuisé après ces 2 années à attendre, caché derrière une visière en plastique et un masque. Il ne nous reste enfin aujourd’hui que le masque d’obligatoire. Mais les bouts de visages que l’on devine sont fatigués. Le philippin qui est de nature si résistante et si volontaire semble éteint !

 

Je n’ai jamais vu les Philippins dans un tel état, à tout niveau et tout âge.

 

Alors oui, l’année 2021 sans aucun doute a été la plus difficile pour la fondation, aussi bien côté recherches de fonds que d’activités sur le terrain ! Avec une augmentation des prix, un peu plus à chaque mois, due à cette inflation approchant les 5% du riz aux livraisons, nous avons vu nos budgets entamés. Près d’un quart de la population (26 millions d’habitants) vit en dessous du seuil de pauvreté, soit aux Philippines 200 euros/mois pour une famille de 5. (source : Philippines Statistics Authority).

Nous avons adapté nos projets et nos programmes devant les besoins mais aussi selon les nouvelles règles sanitaires. Les restrictions étaient si compliquées et si variables au fil des jours ! Les énergies ont été plus qu’éprouvées, abimées. En temps ordinaire, travailler avec des équipes philippines est facile coté énergie, volontariat et endurance. Mais je constate que chacun est au bout de ce qu’il a pu donner et donc il est difficile pour les équipes encadrantes de continuer de motiver les bénéficiaires qui sont eux-mêmes au point mort. Nous sommes très fiers et heureux du travail fait durant ces 2 années de challenge. Je ne pensais pas que nous arriverions à autant d’accomplissements, la plupart du temps en travail à distance, avec des livraisons par relais avec notre staff local et nos partenaires.

Notre mission à venir reste difficile : la terreur du présentiel a été martelée dans les esprits durant ces deux années. Entre l’envie d’être ensemble, car les philippins sont très festifs et très collectifs, et la peur de la maladie, les cœurs balancent. Si les entreprises ont du mal à faire revenir leurs employés, il en est de même pour les établissements scolaires. Pas seulement pour les élèves mais aussi pour les enseignants et l’administration.