Le plus difficile reste ce que nous n’avions pas prévu : l’état psychologique dans lequel cela plongerait la population ! Une population pourtant reconnue très résiliente et battante, qui vit avec le sourire malgré typhons, tremblements de terre, éruptions volcaniques, malgré l’instabilité politique et économique…

 

Comme je l’ai toujours dit, l’espoir est celui qui fait vivre, cette idée que demain sera meilleur ! Mais lorsque ce demain ne vient pas ou plus…

Je pense à plusieurs exemples si simples : cette femme qui ne pouvait même plus marcher et donc ne pouvait prendre le moindre petit boulot. Elle avait seulement des hémorroïdes, je dis « seulement », car on ne parle pas d’une maladie grave et incurable. Pourtant voilà ce que la misère vous impose quand la santé est payante. Impossible pour elle de payer le moindre médicament pour calmer et résorber sa maladie. Le coût du traitement ? Pour un tube de crème, 13 euros. Et les comprimés ? 1 euro l’unité (une caissière gagne à Manille 200 euros/mois ; il n’y a pas de minima sociaux, pas d’aide de l’Etat). Quelle douleur et quelle humiliation de ne pas avoir accès à un tube de crème ou un cachet !
J’ai eu des papas qui me contactaient en pleine nuit car leur bébé faisait une poussée de fièvre à 40 degrés. Qui n’a pas connu cette situation angoissante, son enfant avec une fièvre en pleine nuit ? Et le soulagement de la fièvre stoppée grâce à l’intervention d’un médecin, la prise de paracétamol. Mais voilà, ces derniers temps, plus un peso, plus de quoi acheter du paracétamol. Et impossible de faire appel au voisinage, car chacun se trouve dans une grande précarité, en situation de détresse. La belle solidarité que l’on voyait à travers la communauté n’est plus possible.

Oui le bilan est lourd, très lourd. Vous rajoutez les typhons et autres catastrophes naturelles qui se sont succédés sur ces 2 années (avec Odette, le 22 décembre 2021, le plus gros typhon de ces 50 dernières années dans le sud des Philippines), et vous prenez la mesure du travail énorme fourni et encore à fournir. Et il reste gigantesque. Mais évidemment, nous sommes persuadés que nous avons passé le plus difficile et ceci grâce à vous.